Pour le commun des mortels, cela faisait presque quinze jours qu’Emìr Jawhari était partit d’Angleterre pour se retrouver à enterrer son père, en Turquie, pays du quel, ils seraient tous originaires. Ce voyage avait été particulièrement intéressant pour Emìr car bon nombres de révélations lui avaient été faites sur sa famille, et ce qu’ils faisaient vraiment. Sur leur passé, mais aussi sur ce qu’ils devaient faire, et qu’ils faisaient partit d’un tout, pour un projet bien plus global qu’on ne l’aurait pensé, dans le but unique de préserver une espèce de paix, plutôt bancale, mais qui permettait au monde de tourner. La plupart des découvertes qu’Emìr fit en Turquie, à İstanbul, le laissèrent à plusieurs reprises perplexes, surpris, et à certains moments, il s’était, en effet demandé, si son oncle, Selim, et sa mère ne se payaient pas sa tête, ce qui serait de très mauvais goût étant donné les circonstances. Au final, il finit par leur faire confiance, quand ces derniers lui prouvèrent la véracité de leurs propos. Un choc de plus dans la vie d’Emìr qui l’acheva complètement, le forçant, ou plutôt le libérant de ce qu’il était, pour devenir ce qu’il devait être au plus profond de lui. Ce qu’il avait toujours tu, en pensant bien agir, mais qui, en faites, n’était qu’une protection qui faisait que, ses parents n’avaient jamais réellement eut de soucis pour le tenir à l’écart de tout ça, étant donné qu’ils – lui, son frère et sa sœur – auraient été incapable de briser leurs couvertures, de riches sorciers à la tête d’une boutique d’antiquité orientale.
En réalité, plus d’un an c’était écoulé depuis qu’il avait quitté l’Angleterre. Sa relation avec Siobhàn était au point mort, mais son envie de la revoir ne s’était jamais faite aussi grand, rendant, par moment, son entraînement particulièrement complexe. Son oncle était particulièrement horrible, il n’avait pas hésité à le torturer, à le pousser dans ses retranchements les plus intimes pour voir ce dont il était capable, mais surtout pour voir ce qu’il pouvait endurer avant de cracher le morceau. Une des expériences dont il se souviendra toute sa vie, c’est lorsqu’il dû essayer de désarmer son oncle. Jamais il n’aurait pensé, un jour, être mis plus bas que terre. Mais lorsqu’il parvint à le faire, sa joie fut si intense qu’il en ressortit grandit, plus puissant, et en même temps beaucoup plus calme. Il avait vu en son entraînement de fou furieux, une espèce d’exutoire quant à son deuil, mais aussi, pour y canaliser cette colère dont il avait toujours été sous le joug, jusqu’à maintenant. Au final, prendre possession de son héritage avait été plus que bénéfique, chose que Siobhàn ne tarderait pas de remarquer quand elle le reverrait après quinze jours d’absences.
Une fois arrivée, tu le brises au sol, et tu ne retournes pas là où tu étais avant l’année prochaine. On te recontactera en temps et en heure, mon fils. avait-elle murmuré, avant de le prendre dans ses bras. Son frère, Selim, s’approcha à son tour, pour prendre son neveu dans ses bras, avant de le lâcher pour lui baiser le front. Il lui mit ensuite le retourneur de temps autour du cou, agita plusieurs fois ce dernier, puis il se mit à tourner, à tourner et à retourner pendant quelques minutes qui parurent interminable. Lorsqu’il eut fini, il saisit la main d’Emìr, et il lui mit dans le creux de la main. Aussitôt, le retourner s’activa, et en moins de temps qu’il ne me faut pour l’écrire, il traversa l’espace-temps à la vitesse de l’éclair.
D’un coup, dans le silence de la nuit, sur Istanbul, un éclair blanc jaillit du ciel pour frapper le jardin de la résidence des Jawhari. Emìr se retrouva nez dans l’herbe, le regard flou, la respiration saccadée. Il resta ainsi quelques instants, reprenant doucement ses esprits. Il entendit une porte s’ouvrir, puis des bruits de pas sur le sol de la terrasse. Rapidement, il reconnut l’odeur de sa mère, qui lui posa une main sur le front, avant de regarder le retourneur de temps. Elle eut un soupir, et lui murmura rapidement : « Brise le, et vite. Ton amie ne va pas tarder à arriver. »
Emìr se redressa tant bien que mal, puis, il retira le sablier de son cou pour le poser au sol. Il sortit sa baguette, la pointant sur l’artefact magique, et il l’explosa d’un coup sourd. Une volée d’oiseaux s’échappa d’un arbre, tandis que les lumières s’allumaient doucement autours d’eux, suite au vacarme qu’il avait produit en l’espace de quelques instants. Il rangea sa baguette magique, avant de serrer brièvement sa mère qui lui déposa un baiser sur la joue. Elle le rendit un peu plus présentable, lui retirant la trace de terre sur son nez et sa joue, avant de s’éclipser rapidement, laissant doucement planer cette douce fragrance raffinée dans l’air.
Il avait beaucoup changé. Même physiquement. Ce n’était plus vraiment le même, mais Siobhàn n’y verrait pas grand-chose. Quoique physiquement, il était devenu mieux bâtit, plus à l’aise dans ses basquettes. Son regard avait quelque chose de sérieux, mais son visage semblait déjà un peu plus prompt au rire que lorsqu’elle l’avait connu. S’asseyant sur le rebord de la fontaine au centre de la résidence, il trempa doucement sa main dans l’eau, en attendant qu’elle ne débarque, devant le portail en fer forgé noir. Un sourire con vint se loger sur son visage. Après tout ce temps, après toute cette attente, il allait enfin la revoir…